[C'est arrivé près de chez vous] Hossegor Backyard Ultra 2024
Backyard Ultra ?
Aller, je vous remet le gist du concept ici :
Le concept est simple : une boucle de 6.702 km, à répéter toutes les heures jusqu'à ce que plus personne ne continue. En clair, la course commence à midi le vendredi, et personne ne sait à quelle heure elle va se terminer. L'inconnu pour les coureurs, l'inconnu pour les organisateurs, l'inconnu pour les internets qui appuient sur F5 toutes les heures pour voir quel sera le dernier dossard à ne pas avoir DNF.
Pour la description complète, rendez-vous sur la description que j'avais faite l'année dernière, ici.
2024
Et voilà, on a re-signé pour aller faire des tours de lac. Un an qu'on l'attend, cette revanche — revenir tourner comme des zinzins autour du lac d'Hossegor jusqu'à ce que la mort, ou une sombre histoire de lacets (va falloir lire jusqu'au bout pour en savoir plus) nous arrête.
Rendez-vous était pris depuis un an : la bataille se tiendra le 19 avril.
Hello Hossegor
Après 7h de route, la soirée passe vite :
- Récupérer le Airbnb
- aller chercher les dossards
- avaler des pizzas
- partir se coucher tôt
Demain, la journée sera longue.
Un tour, deux tours, trois tours
Le bonheur de cette année — le Airbnb, que l'on a du jeudi au dimanche, est à 150m de la salle. Quel plaisir ! On pourrait presque rentrer entre les tours en cas de besoin (d'ailleurs, certains l'ont fait, pour aller chercher un chargeur 😅).
Pas de réveil le vendredi matin, on se lève avec le soleil et on termine les derniers préparatifs.
Arrivés dans la salle vers 11h, on trouve nos places et on s'installe sur nos deux rangées (à douze, on prend de la place). On remplit les flasques, on met les barres dans nos poches, on enfile nos baskets. Surtout, on prend une photo qui ne fera pas tort au fait que “partout où on va, il y a quelqu'un avec un drapeau breton”.
Départ est donné à 12h. On est 200 et des poussières à s'élancer de Jaï Alaï. 200 fondu.e.s à partir faire des tours de lacs.
Les premiers tours se passent dans la bonne humeur, l'ambiance est électrique ! RAS sur ces premiers tours, hormis… le sable, qui s'invite tout doucement dans les chaussures.
Quatre tours, cinq tours, six tours
Ouch, il commence à faire chaud 🥵.
Les tours du lac continuent et le soleil tape. On n'oublie pas de s'hydrater — 500ml par boucle, mais sur celles-ci ce n'est pas assez.
Fin de la 4e boucle, Christelle met le clignotant. La revanche sera à prendre l'année prochaine !
On se plaint tous de la même chose — le sable. Bordel, il y en a plus que l'année dernière non ? Tous les “anciens” font le même constat : les passages sableux sont plus nombreux. Il paraîtrait que l'hiver pluvieux serait en cause.
Le mystère est complet, mais nous remplit bien les baskets : tous les tours, il faut enlever ses chaussures, ses chaussettes, bien les retourner et faire un château de sable au ravito.
Note à moi-même : l'année prochaine, on achète des guêtres. Aussi, prévoir la balayette.
Sept tours, huit tours, neuf tours
19h, on est déjà past-time l'heure de l'apéro. La chaleur est descendue, le sable est toujours là. J'ai le plaisir de rencontrer IRL une Threadeuse, venue faire le ravito. Je lui offre un muffin que je lui avais promis 🧁
Le tour huit est le tour déguisé. On a choisi l'option à la croisée de deux nécessités : l'arc-en-ciel et la rapidité de mise en place. On va essayer de ne pas perdre de précieuses minutes inter-tours à se déguiser : on choisit de créer la Team tutu. Ah qu'on est belles et beaux avec nos jupettes arc en ciels 🤩
Fin de la course pour Laëtitia à 8 tours. Encore une revanche à prendre l'année prochaine.
Dix tours, onze tours, douze tours
Ça y est, la nuit arrive. On sort les frontales. Mon amoureuse est là pour m'aider sur les ravitos, et y'a pas à dire : c'est une aide incroyable. C'est à ce moment qu'on se rend compte que pour aller loin, tout seul, c'est compliqué.
Jusqu'ici, je m'étais calé sur le rythme de Max, mais l'allure est un peu trop rapide pour moi — des pointes à 6:10 du kilo quand ça court, je ne vais sûrement pas tenir sur le long terme. Je me cale dans un rythme perso, celui que je sens pouvoir tenir sur le long terme.
Tour 11. Audrey mettra le clignotant ici. J'entame le tour avec Yves-Marie, qui est dans le dur : une douleur au genou le tiraille depuis un bon moment. Il parle à peine alors je monologue. “Je ferais encore un tour pour aller jusqu'à 12, après je m'arrête” me lance-t-il. Prophétie auto-réalisatrice, il s'arrêtera à 80 km. Un tour de l'horloge.
Treize tours, quatorze tours, quinze tours
Je continue mes boucles à mon rythme de diesel. J'ai toujours un objectif en tête : faire le tour avec une moyenne de 7.4 km/h, ce qui laisse entre 5 et 6 minutes au ravito. On perd pas mal de temps dans la première partie à cause du sable, et j'arrive souvent au bout de deux kilomètres autour de 6 km/h, du temps qu'il faut que je rattrape sur la suite.
J'ai réglé ma montre sur un mode spécial Backyard : un entraînement en “fractions de 1 heure”, pour avoir le circuit en automatique, et un écran avec la distance/temps/vitesse moyenne sur le circuit. Toutes les heures, la montre se remet à 0, et ça me permet de surveiller que quoi qu'il arrive, le tour est fait plus rapidement que 6.7 km/h.
D'ailleurs, il va falloir que je fasse un billet de blog sur ce réglage.
Je passe Romain qui est dans le dur — il a pour objectif d'aller à 100 km. Jusqu'ici il n'a couru qu'un marathon. Ça tire, mais il serre les dents, le mental l'emmènera jusqu'à 15 tours 💪
Seize tours, dix-sept tours, dix-huit tours
Je fais les boucles à mon rythme, la musique dans les oreilles. Objectif — rester sur un km/h à 7.4. Les jambes sont un peu dures, mais on avance sans que ça ne s'empire.
Alban et Vanessa s'arrêtent à 16 tours. Alban a mal partout, et Vanessa avait pour objectif de faire 15 tours. Elle termine avec un tour bonus.
Nico a les jambes dures, je le dépasse de plus en plus tôt sur les tours. Il termine ses boucles de justesse, avec peu de minutes à dépenser au ravito. Il validera le 16e tour, mais ne rentrera pas dans les temps pour valider le 17e tour.
De mon côté, objectif en tête : aller jusque 20 tours, ça semble réalisable. 4 tours, c'est quoi après tout ? Et une fois arrivé à 20, je compte annoncer à l'assistance que j'abandonne… et c'est sûr qu’ils ne me laisseront jamais arrêter avant 24 🫶
Tour 18 terminé. Un peu dans les vapes, j'enfile mes chaussures (sans les lacer), j'attrape ma flasque et je me dirige vers le tapis gris, fameux sas de départ où il faut se trouver quand sonne le départ.
Ouf, j'arrive à temps. Merde, mes lacets. Je me baisse pour les faire — c'est bon, je suis sur le tapis pour le départ. Je me relève, je regarde devant moi, et je pars.
Fred m'arrête. “On ne peut pas te laisser repartir”. Un instant, je crois à une blague. “Quand le départ sonne, il faut partir, c'est le réglement”. Je n'avais pas (plus ?) cette règle en tête — en tout cas plus à cette heure de la nuit.
Coup dur. Ça s'arrête là. Pour une histoire de lacets. Et j'en avais encore dans les jambes. Au final, j'aurais peut-être pu battre le record du monde, on ne le saura jamais 😅 !
L'arrêt est difficile à avaler, mais une règle est une règle. Je pense au coureur qui s'est fait sortir au 3e tour parce que parti sans son dossard. J'aperçois le coureur au tour 19 qui se fait sortir parce qu'il était 2 secondes en retard sur le tapis gris. Je me sens moins seul, d'un coup.
Point positif, ça ouvre un bon potentiel de vannes sur les lacets pour l'année à venir !
(Re)tours
Difficile de revenir à la réalité quand ça s'arrête brusquement comme ça. On reste dans la salle encore une heure, puis on retourne au Airbnb. Une douche, une tentative de sieste.
On mange tranquillement le midi, et nouvelle tentative de sieste. Slow life, on marche tranquillement vers la salle, on va boire un verre sur une paillotte le long du parcours, pour soutenir les coureurs et coureuses toujours en train de tourner.
On revient à 22h, tisane en main, encourager Max qui est toujours de la partie.
Une nouvelle fois, on se couche tôt. Difficile de dormir avec les pieds en charpie, mais ça passe.
Je suis réveillé le lendemain matin par une voix que je ne m'attendais pas à entendre si tôt : Max a terminé sa course après 43 tours. Il a mal partout et ne voulait pas cramer sa saison : il est déjà qualifié pour les championnats du monde d'octobre, pas la peine d'aller jusqu'à la blessure en avril.
Voilà, on est dimanche matin, et toute la bande a DNF !
À l'année prochaine !
On part voir le départ de la 48e heure. Ils sont toujours 3 en course.
L'édition d'Hossegor se terminera 5h plus tard.
L'organisation nous glisse que l'édition de l'année prochaine se tiendra sûrement le 25 avril. On note dans nos calendriers : les dossards seront en vente d'ici quelques jours. On a tous une revanche à prendre. Rendez-vous est pris (encore).
Et cette fois, je n'oublierai pas de faire mes lacets !
Comme d'hab, c'est sur mon Strava :